Après une semaine de guerre en Ukraine, les adultes (Enseignants, parents,…) s’interrogent sur la réception des informations par les enfants.
Comment leur raconter l'actualité quand elle devient anxiogène ?
Faut-il éteindre les télévisions et les radios en présence des enfants ?
Alors que l'actualité de ces derniers jours est déjà anxiogène pour des adultes, qu'en est-il des plus jeunes ?
Comment expliquer le conflit russo-ukrainien à hauteur d'enfant ?
Scènes de Guerre, de destruction, des morts, les images choquantes font désormais partie de notre environnement quotidien.
Comment protéger nos enfants ?
Comment répondre à leurs questions ?
Pour commencer, Comment adapter le visionnage à l’âge de l’enfant ?
Ensuite, une " Trousse de secours " en cas d’accidents d’images..
Comment adapter le visionnage à l’âge de l’enfant ?
Par un Comité d’experts du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
Un des rôles du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est la protection du jeune public. Voici ses recommandations pour adapter le visionnage selon l’âge de nos enfants.
Avant 3 ans
La télévision n’est pas adaptée aux enfants de moins de 3 ans. Avant cet âge, l’enfant se construit en agissant sur le monde : la télévision risque de l’enfermer dans un statut de spectateur à un moment où il doit apprendre à devenir acteur du monde qui l’entoure.
Entre 3 et 6 ans
Il est conseillé de privilégier des sessions de visionnage courtes. Il faut par ailleurs apporter une vigilance particulière sur ce que l’enfant regarde, car il n’a pas de recul par rapport aux images. Il ne percevra pas forcément la différence entre la fiction et la réalité et considérera comme réelles les images effrayantes qu’il aura vues, sans avoir les mots pour exprimer ce qu’il ressent. D’où l’importance de dialoguer avec lui.
Entre 6 et 10 ans
À partir de 6 ans, l’enfant commence à avoir une certaine expérience des images et peut les analyser et les commenter. Il pourrait également vouloir imiter ce qu’il a vu, d’où la nécessité de lui expliquer qu’il ne doit pas reproduire tout ce qu’il voit à la télévision, et de respecter sa sensibilité en privilégiant des programmes pour la jeunesse. Limitez la durée des séances et choisissez avec lui les émissions, afin de lui apprendre à se repérer dans l'offre des programmes. Entre 8 et 10 ans, privilégiez les programmes jeunesse et les programmes tous publics.
Après 10 ans
Entre 10 et 12 ans, l’enfant commence à vouloir accéder de manière plus autonome aux images et à diversifier les programmes qu’il regarde. Il est important de l’accompagner dans le choix de ces programmes, de lui apprendre à sélectionner ceux qui lui conviennent, afin de devenir un téléspectateur actif.
La signalétique jeunesse est là pour vous aider
À l’adolescence, il a parfois envie de se confronter à certains contenus violents, même s’il n’en est pas toujours émotionnellement capable. Même à cet âge et en dépit des facilités d’accès aux images dont disposent les adolescents, maintenez le dialogue avec eux sur ce qu’ils regardent ou écoutent, et continuez à leur apprendre à choisir ce qui correspond à leurs goûts et à leur sensibilité.
Deux sites de référence :
• Protection du jeune public
• Les Clés de l’audiovisuel
Le conseil de Francetv Éducation
Pour apprendre à décrypter l’actualité avec vos enfants, regardez des émissions adaptées à leur âge :
• Pour les petits, « 1 jour, 1 question » décrypte en 1 minute 30 par jour, via un dessin de presse, l’actualité du jour...
• Pour les 13 ans et plus, la série « Décod’actu » apporte des réponses en 3 minutes à des événements clés d’actualité : Guerres, réfugiés climatiques, populisme,
"Trousse de secours" en cas d’accidents d’images
"Trousse de secours "en cas d’accidents d’images
Quelques conseils express pour aider les adultes (enseignants, parents...)
Urgence ! Vos enfants sont tombés malencontreusement sur des images difficiles à comprendre. Violence, horreur,… Comment les aider à donner du sens à ce qu’ils ont vu et les rassurer ?
Une chercheuse imagine des « accidents d’images » que pourraient rencontrer les enfants et interpelle un pédopsychiatre pour analyser la situation et prodiguer ses conseils.
Par le docteur Serge Tisseron, pédopsychiatre et Isabelle Féroc-Dumez, maîtresse de conférences à l’université de Poitiers-Éspé et laboratoire Techné, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI.
1/Mélina, 3 ans, a visionné à l'insu de ses parents un programme inadapté à son âge
Mélina (3 ans), qui ne trouve pas le sommeil, vient en douce rejoindre le salon ou les images de la guerre en Ukraine sont diffusées sans que les parents s’en aperçoivent. Quelques jours plus tard, Mélina fait des cauchemars : des fantômes, des loups-garous, des araignées géantes rôdent autour de son lit !
Mélina fait-elle la différence entre réalité et fiction ?
Comment peut-elle apprendre à contrôler ses émotions qui la submergent ?
Conseil : A cet âge, le plus difficile pour l’enfant ne relève pas de ce qu’il comprend ou ne comprend pas. Ce qui est en cause, c’est sa difficulté, du fait de son immaturité cérébrale, à pouvoir circonscrire et maîtriser ses émotions. Il craint d’être submergé par elles, et c’est cela qui lui fait peur. C’est pourquoi il peut être terrorisé de la même façon par un dessin animé ou des images de presse ! En plus, dans les émotions trop fortes pour lui qu’il éprouve, le contenu n’est pas seul en cause. Il y a aussi le montage rapide et contrasté, et l’accompagnement sonore, qui mêle souvent des bruits angoissants.
Le + : Pour lui permettre de reprendre pied, rassurons l’enfant, invitons-le à dessiner ce qu’il a vu, félicitons-le et disons-lui que son dessin nous aide à mieux comprendre ce qu’il a ressenti. Puis reformulons avec lui ce qu’il a représenté afin de lui donner des mots pour en parler. Rien n’est si effrayant pour l’homme que le langage ne permette de l’apprivoiser, à condition de trouver un interlocuteur compréhensif !
2/Mélina, 3 ans, est confrontée aux images terrifiantes de guerre
Une invasion militaire vient de se produire à plusieurs milliers de kilomètres de la France. Mélina (3 ans) a vu à la télévision de terribles images des décombres et des victimes. Sidérée par celles-ci et saisie d’angoisse, elle demande si tout cela s’est vraiment passé et si cela peut arriver ici : la maison peut-elle s’écrouler ? La guerre peut-elle se déclarer chez nous ?
Comment trouver les mots pour faire comprendre l’actualité et rassurer Mélina ?
Conseil : Un jeune enfant ne possède pas encore les repères spatiaux-temporels qui permettent à un adulte de situer et de relativiser une catastrophe.
Le + : Il faut toujours avoir une mappemonde à la maison pour montrer à l’enfant où la catastrophe s’est passée et lui expliquer que de tels drames sont rares. Il faut aussi lui dire que si une telle catastrophe arrivait, ses parents le protégeraient. Les parents savent bien qu’ils ne peuvent pas protéger de tout, mais l’enfant, à cet âge-là, a besoin de le croire. Il faut aussi lui parler des pompiers et des sauveteurs, très nombreux chez nous, qui viendraient nous secourir.
Théo, 8 ans, découvre la photo d’un enfant mort
Théo (8 ans) a vu la photo d’un enfant mort. Il met en doute la mort de l’enfant…
Théo ne comprend pas ce qui s’est passé. Faut-il tout lui expliquer ? Comment l’aider à donner du sens à la réalité ?
Conseil : Théo a raison : avec les images qu’on voit à la télévision ou sur Internet, on n’est jamais certain qu’elles correspondent à la réalité. Si Théo a envie de croire que ce petit enfant était seulement blessé et qu’il a été sauvé, il a le droit de le croire. Mais même si cet enfant est encore vivant, il est probable que d’autres enfants ont dû mourir.
Le + : Il faut là encore sortir la mappemonde et montrer le contexte des conflits armés. Puis expliquer les causes et les enjeux géopolitiques. Il est important de formaliser ensemble ce qui peut se produire ou non chez nous.
Juliette, 16 ans, est sidérée par des photographies de guerre.
Juliette (16 ans) a vu des photographies de la guerre en Ukraine sur Internet. Entre sidération ou révolte, déçue du genre humain, elle semble traumatisée et commence à déprimer.
Si certaines images d’actualité demandent une certaine prudence, certaines montrent une réalité cruelle, hélas vérifiée. Comment réagir face à l’horreur et que dire à Juliette pour lui remonter le moral ?
Conseil : S’agissant des images de guerre, celles de l’actualité nécessitent une certaine prudence. En revanche, certaines sont validées. On sait que ces événements se sont produits, hélas. Juliette a raison. L’homme est capable du pire vis-à-vis de son prochain. Mais il peut aussi risquer sa vie pour le sauver et résister à la barbarie.
Le + : Il faut aller voir avec Juliette sur Internet les actions de solidarité menées pour venir en aide aux Ukrainiens .On peut lui expliquer que, quel que soit le caractère inhumain des situations auxquelles l’homme est confronté, il lui est toujours possible d’y réagir de façon humaine.
Juliette, 16 ans, ne veut plus sortir de chez elle de peur d’attentats terroristes
Juliette (16 ans) n’ose plus sortir avec ses amis, après avoir vu des images et lu des témoignages sur les réseaux sociaux* de jeunes gens victimes d’un attentat terroriste. S’enfermant à la maison, elle cherche sur Internet à voir plus d’images, à lire plus de commentaires, alors que cela la rend de plus en plus mal à l’aise.
Juliette, à l’instar de tant d’autres, semble tomber dans une sorte de voyeurisme sur les réseaux sociaux, jusqu’à la nausée. Comment l’aider à se détourner de ces images pernicieuses ?
Conseil : Juliette a besoin d’une bonne explication sur ce que sont les réseaux sociaux. Ils ne sont pas un reflet du vrai monde. D’abord, chacun essaie de s’y montrer plus heureux, plus beau et plus intéressant qu’il n’est en réalité. Ensuite, il est très facile de faire courir des fausses nouvelles (rumeurs), rien que pour le plaisir de voir combien de gens les relayent en y croyant. Il ne faut donc pas croire tout ce qu’on y trouve ! Enfin, il y a aussi des groupes qui veulent nous faire adhérer à leurs croyances (religieuses, politiques, voire complotistes).
Le + : Peut-être Juliette a-t-elle des copines ou des copains qui l’invitent à aller sur certains sites ? Pensons à lui poser la question. Et peut-être a-t-elle rencontré sur Internet une personne qui l’a convaincue d’aller voir certains sites ? Parlons-en ensemble.
Attention
Le traumatisme créé par des images est soulagé lorsqu'on en parle avec quelqu’un de compréhensif et de déculpabilisant. Si votre enfant ne veut pas vous parler, peut-être le pourra-t-il avec un autre membre de la famille (grand-parent, oncle ou tante…) ? Si c’est impossible, proposez-lui d’en parler avec un professionnel (pédopsychiatre, psychologue, psychothérapeute), qui a l’habitude de recevoir la parole des enfants ou des adolescents sans porter de jugement, et qui saura vous conseiller.
Quelques conseils express pour aider les adultes (enseignants, parents...)
Urgence ! Vos enfants sont tombés malencontreusement sur des images difficiles à comprendre. Violence, horreur,… Comment les aider à donner du sens à ce qu’ils ont vu et les rassurer ?
Une chercheuse imagine des « accidents d’images » que pourraient rencontrer les enfants et interpelle un pédopsychiatre pour analyser la situation et prodiguer ses conseils.
Par le docteur Serge Tisseron, pédopsychiatre et Isabelle Féroc-Dumez, maîtresse de conférences à l’université de Poitiers-Éspé et laboratoire Techné, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI.
1/Mélina, 3 ans, a visionné à l'insu de ses parents un programme inadapté à son âge
Mélina (3 ans), qui ne trouve pas le sommeil, vient en douce rejoindre le salon ou les images de la guerre en Ukraine sont diffusées sans que les parents s’en aperçoivent. Quelques jours plus tard, Mélina fait des cauchemars : des fantômes, des loups-garous, des araignées géantes rôdent autour de son lit !
Mélina fait-elle la différence entre réalité et fiction ?
Comment peut-elle apprendre à contrôler ses émotions qui la submergent ?
Conseil : A cet âge, le plus difficile pour l’enfant ne relève pas de ce qu’il comprend ou ne comprend pas. Ce qui est en cause, c’est sa difficulté, du fait de son immaturité cérébrale, à pouvoir circonscrire et maîtriser ses émotions. Il craint d’être submergé par elles, et c’est cela qui lui fait peur. C’est pourquoi il peut être terrorisé de la même façon par un dessin animé ou des images de presse ! En plus, dans les émotions trop fortes pour lui qu’il éprouve, le contenu n’est pas seul en cause. Il y a aussi le montage rapide et contrasté, et l’accompagnement sonore, qui mêle souvent des bruits angoissants.
Le + : Pour lui permettre de reprendre pied, rassurons l’enfant, invitons-le à dessiner ce qu’il a vu, félicitons-le et disons-lui que son dessin nous aide à mieux comprendre ce qu’il a ressenti. Puis reformulons avec lui ce qu’il a représenté afin de lui donner des mots pour en parler. Rien n’est si effrayant pour l’homme que le langage ne permette de l’apprivoiser, à condition de trouver un interlocuteur compréhensif !
2/Mélina, 3 ans, est confrontée aux images terrifiantes de guerre
Une invasion militaire vient de se produire à plusieurs milliers de kilomètres de la France. Mélina (3 ans) a vu à la télévision de terribles images des décombres et des victimes. Sidérée par celles-ci et saisie d’angoisse, elle demande si tout cela s’est vraiment passé et si cela peut arriver ici : la maison peut-elle s’écrouler ? La guerre peut-elle se déclarer chez nous ?
Comment trouver les mots pour faire comprendre l’actualité et rassurer Mélina ?
Conseil : Un jeune enfant ne possède pas encore les repères spatiaux-temporels qui permettent à un adulte de situer et de relativiser une catastrophe.
Le + : Il faut toujours avoir une mappemonde à la maison pour montrer à l’enfant où la catastrophe s’est passée et lui expliquer que de tels drames sont rares. Il faut aussi lui dire que si une telle catastrophe arrivait, ses parents le protégeraient. Les parents savent bien qu’ils ne peuvent pas protéger de tout, mais l’enfant, à cet âge-là, a besoin de le croire. Il faut aussi lui parler des pompiers et des sauveteurs, très nombreux chez nous, qui viendraient nous secourir.
Théo, 8 ans, découvre la photo d’un enfant mort
Théo (8 ans) a vu la photo d’un enfant mort. Il met en doute la mort de l’enfant…
Théo ne comprend pas ce qui s’est passé. Faut-il tout lui expliquer ? Comment l’aider à donner du sens à la réalité ?
Conseil : Théo a raison : avec les images qu’on voit à la télévision ou sur Internet, on n’est jamais certain qu’elles correspondent à la réalité. Si Théo a envie de croire que ce petit enfant était seulement blessé et qu’il a été sauvé, il a le droit de le croire. Mais même si cet enfant est encore vivant, il est probable que d’autres enfants ont dû mourir.
Le + : Il faut là encore sortir la mappemonde et montrer le contexte des conflits armés. Puis expliquer les causes et les enjeux géopolitiques. Il est important de formaliser ensemble ce qui peut se produire ou non chez nous.
Juliette, 16 ans, est sidérée par des photographies de guerre.
Juliette (16 ans) a vu des photographies de la guerre en Ukraine sur Internet. Entre sidération ou révolte, déçue du genre humain, elle semble traumatisée et commence à déprimer.
Si certaines images d’actualité demandent une certaine prudence, certaines montrent une réalité cruelle, hélas vérifiée. Comment réagir face à l’horreur et que dire à Juliette pour lui remonter le moral ?
Conseil : S’agissant des images de guerre, celles de l’actualité nécessitent une certaine prudence. En revanche, certaines sont validées. On sait que ces événements se sont produits, hélas. Juliette a raison. L’homme est capable du pire vis-à-vis de son prochain. Mais il peut aussi risquer sa vie pour le sauver et résister à la barbarie.
Le + : Il faut aller voir avec Juliette sur Internet les actions de solidarité menées pour venir en aide aux Ukrainiens .On peut lui expliquer que, quel que soit le caractère inhumain des situations auxquelles l’homme est confronté, il lui est toujours possible d’y réagir de façon humaine.
Juliette, 16 ans, ne veut plus sortir de chez elle de peur d’attentats terroristes
Juliette (16 ans) n’ose plus sortir avec ses amis, après avoir vu des images et lu des témoignages sur les réseaux sociaux* de jeunes gens victimes d’un attentat terroriste. S’enfermant à la maison, elle cherche sur Internet à voir plus d’images, à lire plus de commentaires, alors que cela la rend de plus en plus mal à l’aise.
Juliette, à l’instar de tant d’autres, semble tomber dans une sorte de voyeurisme sur les réseaux sociaux, jusqu’à la nausée. Comment l’aider à se détourner de ces images pernicieuses ?
Conseil : Juliette a besoin d’une bonne explication sur ce que sont les réseaux sociaux. Ils ne sont pas un reflet du vrai monde. D’abord, chacun essaie de s’y montrer plus heureux, plus beau et plus intéressant qu’il n’est en réalité. Ensuite, il est très facile de faire courir des fausses nouvelles (rumeurs), rien que pour le plaisir de voir combien de gens les relayent en y croyant. Il ne faut donc pas croire tout ce qu’on y trouve ! Enfin, il y a aussi des groupes qui veulent nous faire adhérer à leurs croyances (religieuses, politiques, voire complotistes).
Le + : Peut-être Juliette a-t-elle des copines ou des copains qui l’invitent à aller sur certains sites ? Pensons à lui poser la question. Et peut-être a-t-elle rencontré sur Internet une personne qui l’a convaincue d’aller voir certains sites ? Parlons-en ensemble.
Attention
Le traumatisme créé par des images est soulagé lorsqu'on en parle avec quelqu’un de compréhensif et de déculpabilisant. Si votre enfant ne veut pas vous parler, peut-être le pourra-t-il avec un autre membre de la famille (grand-parent, oncle ou tante…) ? Si c’est impossible, proposez-lui d’en parler avec un professionnel (pédopsychiatre, psychologue, psychothérapeute), qui a l’habitude de recevoir la parole des enfants ou des adolescents sans porter de jugement, et qui saura vous conseiller.